Les racines de mai

Mai 68 est parfois caricaturé en un mouvement d’étudiants parisiens gauchistes. Pourtant l’explosion de ce mois de mai qui a fait vaciller le pouvoir gaulliste est bien plus profonde. La fin des années 60 marque un tournant dans la société. Les manifestations contre la guerre du Vietnam se déroulent dans toutes les grandes capitales. Le baby-boom donne un coup de jeune à la société (le 1/3 de la population a moins de 25 ans) et les universités sont surpeuplées, au point qu’en France le gouvernement veut instaurer la sélection. La jeunesse s’émancipe et remet en question le modèle social et culturel. C’est à Nanterre, dans une université à l’américaine à peine sortie de terre, une université entourée de bidonvilles, que le feu va couver. Les ainés ne sont pas moins actifs. Les ouvriers n’ont pas attendu Mai 68 pour descendre dans la rue et occuper les usines. En remontant le temps, l’on constate que 1967 est une année de lutte sociale, l’année où l’on compte le plus de jours de grève dans l’histoire de la Vème République. Les conditions de travail sont difficiles, le taylorisme appliqué à la lettre, les salaires ne correspondent pas aux gains de productivité. Les Trente glorieuses ne sont pas pour tout le monde. Rhodiaceta à Besançon et Lyon, début 67 ; les chantiers navals de l’Atlantique à Saint Nazaire, de mars à mai 67 ; puis Caen, début 68, où les étudiants vont pour la première fois rejoindre les ouvriers dans des affrontements avec les forces de l’ordre, les mois qui précédent mai 68 sont les prémices à cet événement qui a fait basculer la société française. C’est dans ces racines que ce documentaire nous plonge.