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La ferme derrière chez moi
La ferme derrière chez moi
WEO 17/03/2025 à 16h50
C’est une ferme dans les plaines céréalières de l’Artois, près d’Arras. Alors que les terres n’ont cessé de se concentrer, cette ferme qui comptait une centaine d’hectares du temps de mon grand-père dans les années 1980, va maintenant se retrouver divisée en trois petits corps indépendants.
Au cœur de ce paradoxe se trouve mon père et ses choix de développement. Il raconte son parcours en même temps qu’il cède la place à ses deux repreneurs. Aujourd’hui, comment eux font-ils face aux nouveaux enjeux de l’agriculture contemporaine ?
C’est un plat pays, parsemé de pylônes électriques et d’entrepôts. On y trouve des étendues agricoles à perte de vue et personne ne se souvient véritablement depuis quand il n’y a plus de forêts ici. L’agriculture industrielle s’y est installée au début du XXe siècle et les fermes, depuis, n’ont cessé de s’agrandir. Mon père, François, y cultive seul et en bio, depuis 30 ans, une partie de la ferme que son père lui a cédée. Il y a peu, il a transmis la moitié des terres à son collaborateur Mathieu et s’apprête à transmettre le reste à mon cousin Antoine.
Mais un vertige le prend : une fois parti, le paysage qu’il regardait défiler chaque jour sur son tracteur changera inéluctablement par l’action d’autres que lui. Il veut tout me dire avant de tout quitter. Il me raconte qu’il a essayé de faire autre chose que ce à quoi il était promis. Cette histoire a commencé par une rupture familiale : il a choisi de se séparer de son frère avec qui il avait repris la ferme familiale pour tenter de sortir du système productiviste et vivre comme il le concevait.
De cette histoire et de ces convictions, une conséquence : il n’y a plus une grande ferme mais trois petites, issues des différentes passations. Et sur chacune d’elle, un agriculteur et sa vision du monde agricole : celle de mon oncle d’un côté, et désormais celles des deux repreneurs de mon père. Ces derniers font face à des enjeux qu’ils n’envisageaient pas : cultiver sur de petites parcelles, faire face à la crise du bio, au dérèglement climatique et à l’inflation du prix des terres. La possibilité d’une autre agriculture, à l’issue incertaine, n’a jamais été autant désirée.
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