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Projet d'EPR 2 à Gravelines : revivez le grand débat

WEO 26/11/2024 à 10h24
Alors que la centrale nucléaire de Gravelines, mise en service il y a plus de 40 ans, continue de produire de l’électricité, un projet ambitieux suscite débat et controverse : la construction de deux réacteurs EPR2. Retour sur les enjeux, le calendrier, et les positions des acteurs impliqués.
Autour de la table, des membres de la Commission nationale du débat public, des membres d'EDF, de RTE, des experts, des associations, des riverains... Animé par Jean-Michel Lobry, ce débat public et interactif a répondu aux nombreuses interrogations du public, des téléspectateurs et des internautes.

Les questions des téléspectateurs et des internautes


Technologie et fiabilité du projet :

  • Est-on certain de la technologie ?
  • Vu les problèmes rencontrés pour l'EPR1, peut-on cette fois garantir l'intégrité du projet ?
  • La référence à Flamanville est-elle rassurante au regard du coût et des délais ? Peut-on vous avoir confiance ?

Sûreté nucléaire et risques :

  • Y a-t-il des risques d'inondation par la montée des eaux à l'horizon 2060 ?
  • Quels sont les risques encourus et les avez-vous pris en compte ??
  • Quelles sont les mesures de sauvegarde, de maintenance et d'alerte d'une telle centrale ?
  • La présence de munitions des guerres précédentes immergées dans les eaux des côtes de la Manche et de la mer du Nord constituent-elle une préoccupation dans le cadre de ce projet ?

Impact sur la santé :

  • La centrale sera-t-elle accolée à l'ancienne ou mise en sécurité à plusieurs dizaines de kilomètres des zones inondables ?
  • Une étude épidémiologique ou un suivi sanitaire sera-t-il réalisé pour évaluer l'impact sur la santé des populations ?

Emploi et retombées économiques :

  • Embaucherez-vous prioritairement les habitants du secteur ?
  • Connaît-on le rayon autour de la construction de ces deux EPR qui bénéficiera des retombées économiques ?
  • Le monde économique du territoire pourra-t-il répondre aux besoins de sous-traitance et d'emploi ?

Coût de l'électricité et financement :

  • Va-t-on payer moins cher l'électricité ?
  • La région finance-t-elle une partie du projet ? Si oui, à quelle hauteur ?

Transports et mobilité :

  • Comment la centrale se prépare-t-elle à gérer les flux de personnes qui arriveront sur le site ?
  • Y aura-t-il de nouvelles routes construites autour du site ?
  • Comment faire avec la vétusté du réseau d'assainissement de Dunkerque ?

Déchets nucléaires :

  • Où vont aller les déchets ?
  • Quelle sera la quantité de déchets radioactifs produite chaque année ?

Alternatives au nucléaire :

  • Pourquoi ne pas privilégier les énergies renouvelables ?
  • La ferme éolienne de Dunkerque va-t-elle voir le jour ? Ne suffit-elle pas pour nos besoins en électricité ?

Transparence et participation citoyenne :

  • Comment EDF et RTE prennent-ils réellement en compte la parole des associations opposées au projet ?
  • Allez-vous inviter des habitants ou des élus de Flamanville pour qu'ils racontent leur expérience ?
  • Comment la population peut-elle faire connaître son avis ?

Autres interrogations : 

  • La Belgique est-elle consultée pour ce projet ? Peut-elle s'y opposer ?
  • Allez-vous fournir de l'énergie aux pays étrangers ?

 Un projet dans la continuité du nucléaire français


Le projet EPR2 (European Pressurized Reactor) repose sur une version améliorée du réacteur EPR, conçu à la fin des années 1980 après la catastrophe de Tchernobyl. Si la construction du réacteur de Flamanville a été marquée par des retards et des coûts exponentiels, EDF mise sur les leçons tirées pour éviter ces écueils avec les EPR2.

Selon Antoine Ménager, chef de projet chez EDF, le projet répond à la nécessité de sortir des énergies fossiles tout en offrant des retombées économiques importantes pour le territoire. Avec une mise en service prévue pour 2038 et 2039, les deux nouveaux réacteurs devraient garantir une production d’électricité décarbonée pour plusieurs décennies.

Un débat public au cœur des discussions


Le débat public autour de l’EPR2, organisé par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), a débuté le 17 septembre 2023. Sous la présidence de Luc Martin, la Commission a pour mission de garantir une information complète et transparente, en recueillant les préoccupations et les avis des citoyens.

Ce débat, qui prendra fin le 17 janvier 2024, est marqué par des tables rondes et des événements locaux, comme une soirée ciné-débat le 26 novembre 2023. Toutefois, certaines voix critiquent un sentiment d’inévitabilité autour du projet. 

Les enjeux économiques et sociaux


Le projet EPR2 représente un enjeu majeur pour l’économie locale. En 2032, lors du pic d’activité du chantier, près de 8 000 travailleurs seront mobilisés. François Lavallée, président de la CCI Littoral Hauts-de-France, se félicite des opportunités qu’il offre aux entreprises locales et promet un accompagnement pour maximiser les retombées économiques.

Parallèlement, les besoins en main-d'œuvre qualifiée nécessitent des efforts importants en termes de formation. Clé de la Noix, responsable des ressources humaines chez le sous-traitant Altrad Endel, témoigne des actions mises en place pour répondre à ces défis, en partenariat avec la région Hauts-de-France.

Des préoccupations environnementales majeures


Les opposants au projet, à l’instar de Nicolas Fournier, de l'association ADELFA, dénoncent les risques liés à la sûreté nucléaire et la vulnérabilité du site face à la montée des eaux. L’horizon 2100 pourrait en effet voir une insularisation du site en raison du changement climatique.

EDF affirme prendre ces menaces au sérieux. Les réacteurs seront construits sur une plateforme surélevée à 11 mètres au-dessus du niveau de la mer, et l’entreprise s’engage à adapter ses infrastructures aux évolutions climatiques.

Un projet au centre de la transition énergétique


Pour François Mayard, directeur de projet chez RTE, l’EPR2 est indispensable au mix énergétique français. RTE prévoit de construire de nouvelles lignes électriques pour transporter l’électricité produite, tout en développant parallèlement les énergies renouvelables.

Mais les opposants, comme Greenpeace, mettent en avant des alternatives : 

« Les énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, sont moins coûteuses, plus rapides à mettre en œuvre et moins risquées que le nucléaire », argue Nicolas Fournier.

Un futur à écrire


Si le débat public se clôturera en janvier 2024, le chemin vers la construction des EPR2 reste long. Les premières demandes d’autorisation sont attendues pour l’automne 2025, et les travaux préliminaires débuteront fin 2026. Mais la controverse autour de ce projet illustre un dilemme plus large : comment concilier souveraineté énergétique, développement économique et impératifs environnementaux ?

En décembre 2023, le débat est encore en cours, mais une chose est certaine : l’avenir énergétique de la France se joue, en partie, à Gravelines. 

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