Accueil  >  Eco & Co  >  Droits de douane aux Etats-Unis : quel impact pour les Hauts-de-France ?

Droits de douane aux Etats-Unis : quel impact pour les Hauts-de-France ?

WEO 07/04/2025 à 15h31
Alors que Donald Trump promet de réintroduire des droits de douane en cas de retour à la Maison Blanche, Luc Doublet, président de Nord France Invest, appelle à la vigilance mais refuse l’alarmisme. Si l’impact sur les exportations régionales vers les États-Unis est inévitable, il pourrait bien ouvrir la voie à de nouvelles opportunités, notamment en Asie.
« Un impact, oui, mais pas une catastrophe. » Pour Luc Doublet, président de Nord France Invest, les menaces protectionnistes de Donald Trump ne sont pas à prendre à la légère, mais elles ne doivent pas non plus être surestimées. À l’heure où le Président des Etats-Unis évoque une relance massive des droits de douane, notamment sur les produits européens, les Hauts-de-France se préparent à affronter une conjoncture plus tendue… sans céder à la panique.


Des exportations vulnérables mais limitées


Les États-Unis ne représentent qu’un partenaire commercial modeste pour la région. En 2024, les exportations régionales vers les USA s’élevaient à 2,6 milliards d’euros, soit une fraction des 67 milliards d’euros d’exportations totales des Hauts-de-France.

Parmi les produits concernés figurent les cosmétiques, produits chimiques, métallurgiques, machines industrielles, et dans une moindre mesure, l’agroalimentaire. Bonne nouvelle cependant : les produits pharmaceutiques, bien représentés dans la région, restent exemptés de droits de douane.


La présence américaine dans la région, un atout inattendu


Autre élément modérateur : la forte implantation d’entreprises américaines dans la région.

Selon Luc Doublet, cette réalité pourrait jouer un rôle tampon :

« Ces entreprises ont tout intérêt à maintenir des flux fluides et pourraient contribuer à résoudre les tensions. »

La situation offre ainsi une marge de manœuvre diplomatique et économique non négligeable.


S’adapter, le maître-mot pour les entreprises régionales


Inspiré par Hermès, le dieu grec du commerce, Luc Doublet plaide pour l’agilité et l’adaptation.

Face à une politique commerciale américaine imprévisible – « Trump peut changer d’avis du jour au lendemain » – il recommande une posture de “wait and see”.

En parallèle, il encourage les entreprises à transformer les contraintes en leviers créatifs, notamment en ciblant les besoins de la réindustrialisation américaine, qui pourraient générer une demande accrue en machines et matières premières européennes.


Un boycott ciblé des services numériques américains ?


Plutôt qu’un boycott des produits américains, qui risquerait d’impacter les acteurs locaux, Luc Doublet propose une riposte stratégique sur les services, notamment dans le numérique ou encore l’expertise comptable.

Ces domaines, où les États-Unis dominent largement, pourraient constituer un levier de pression efficace, facile à actionner :

« Il est très simple de changer de prestataire dans ces secteurs. »

Une idée que Luc Doublet suggère également à l’Union Européenne, tout en appelant à renforcer l’autonomie européenne grâce à l’intelligence artificielle.


Diversification vers le Japon : l’antidote asiatique à Trump


Dans un contexte incertain, la diversification des marchés devient une priorité. Les relations commerciales avec le Japon, notamment dans la perspective de l'Exposition universelle d’Osaka en 2025, apparaissent comme une alternative stratégique crédible.

L’industrie automobile (avec Toyota, ses batteries et leur recyclage), mais aussi la boulangerie-pâtisserie de qualité (exemple du groupe Holder) figurent parmi les secteurs porteurs.

Mais la clé du succès au Japon repose sur une approche radicalement différente :

« Avec les Japonais, tout repose sur la confiance et la relation à long terme. Les “one shot”, ça ne marche pas. »

Une logique à l’opposé des échanges volatiles avec les États-Unis : « C’est l’antithèse de Trump », résume Luc Doublet.

Partager cette page sur :