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Des baleines dans le détroit du Pas-de-Calais

WEO |
Une baleine à bosse aperçue au large de Boulogne-sur-Mer : que nous disent les mammifères marins du changement climatique ?
Le 2 février dernier, des plaisanciers ont observé une baleine à bosse au large de Boulogne-sur-Mer. Un événement rare dans le détroit du Pas-de-Calais, zone de transit pour de nombreux mammifères marins. Cette présence inhabituelle questionne : est-elle une conséquence du changement climatique ?

Une biodiversité riche et fragile


Le détroit du Pas-de-Calais est un corridor essentiel pour les mammifères marins. On y observe régulièrement des dauphins, des marsouins et des phoques, mais aussi, plus rarement, des espèces imposantes comme les orques, les rorquals et les cachalots. La présence récurrente de ces animaux atteste de la richesse de cet espace maritime, mais révèle également des bouleversements environnementaux notables.

Les baleines à bosse : des indicateurs de la santé des océans


L'observation d'une baleine à bosse au large des côtes françaises est un événement spectaculaire, mais aussi un signal d'alerte. Normalement, ces cétacés migrent directement des eaux froides où ils s'alimentent vers leurs zones de reproduction, sans faire d'escale pour se nourrir. Leur passage par le Pas-de-Calais suggère qu'elles n'ont pas accumulé suffisamment de réserves de graisse, probablement à cause d'une diminution des ressources halieutiques sur leurs routes habituelles.

"Si on faisait une analogie avec une voiture, normalement, elles devraient partir avec le plein et arriver à destination sans ravitaillement. Mais aujourd'hui, elles doivent s'arrêter en chemin, faute de ressources suffisantes", explique Jacky Karpouzopoulos, responsable du groupe "Mammifères marins" dans le Nord de la France.

Le changement climatique déséquilibre la chaîne alimentaire


L'élévation de la température de l'eau perturbe la chaîne alimentaire marine, notamment à sa base, en modifiant la répartition des micro-organismes essentiels à l'alimentation des poissons. Certains, comme le hareng, migrent vers le nord à la recherche d'eaux plus froides, modifiant la disponibilité des proies pour les mammifères marins.

"Une simple élévation de température entraîne une modification totale de la chaîne alimentaire. Ces changements ont des conséquences directes sur les espèces qui en dépendent", ajoute Jacky Karpouzopoulos.

Mieux comprendre pour mieux protéger


Pour décrypter ces phénomènes, le Centre de Mammalogie Nord de la France (CMNF) réalise des prospections et des autopsies sur les mammifères marins échoués. L'objectif : identifier les causes de mortalité, qu'il s'agisse de maladies, de captures accidentelles dans les filets de pêche ou de pollution.

Par ailleurs, la science participative joue un rôle essentiel dans la surveillance de ces populations. Plus de 600 correspondants le long du littoral signalent les observations et échouages. Les clichés des cétacés, en particulier ceux de leur queue (caudale), permettent d'identifier les individus et de suivre leurs migrations grâce à la technique de photo-identification.

Une santé unique entre océans et humanité


Le concept "One Health" montre que la santé des mammifères marins est directement liée à celle de leur environnement, et donc à celle de l'homme.

"Ce qui arrive aux mammifères marins finira par nous impacter", prévient Jacky Karpouzopoulos.

Face à ces signaux d'alerte, la préservation des mammifères marins dans le détroit du Pas-de-Calais devient une priorité non seulement pour la biodiversité, mais aussi pour notre propre avenir.
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